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Textes, réflexions des adhérents

Cette page est réservée aux adhérents voulant partager des textes, des réflexions qu’ils ont menés personnellement ou conjointement avec leurs équipes.

N’hésitez pas à nous faire parvenir ces réflexions qui peuvent être utiles à d’autres...

 

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REFLEXIONS SUR LA VIOLENCE

 

Le travail éducatif

L’acte éducatif est un acte démocratique qui ne demande pas toujours le consentement de la personne qui le vit. Cet acte est démocratique dans le sens qu’il doit être porteur des valeurs sociétaires. Dans toute société, la loi n’est pas négociable et sa transgression entraîne inéluctablement une violence consciente, structurée et organisée qui tend à inhiber les passages à l’acte agressif. La relation entre éduqués et éducateurs doit être régie par une organisation donnant sens d’une part au passage à l’acte et d’autre part à la réponse sociétaire. La fonction de l’éducateur qui peut être parent ou professionnel de l’éducation ou même simple citoyen est définie par les valeurs morales partagées de la société et juridiquement reconnues dans ses textes.

La société ne peut accepter en son sein des individus agissant par le biais d’actes désorganisés et violents. Afin d’éviter le chaos, les réponses apportées bien que violentes (amendes, privations de liberté, et à moindres niveaux : privations de sorties, frustrations diverses), se doivent d’être structurées, organisées, porteuses de sens.

 

Violences et autorités

Il est bien évident qu’en tenant compte de ces organisations et des réglementations en vigueur, la personne porteuse d’autorité est également porteuse de pouvoir sur autrui même si parfois l’on peut s’en défendre. La loi permet la pratique de l’autorité mais en définit ses contours. Nous pouvons ainsi parler d’autorité parentale, de non-respect de personne ayant autorité mais également d’abus de pouvoir. La loi punit plus gravement les actes délictuels et criminels effectués par des personnes ayant autorité.

 

Rôles d’éducation et d’équité

Dans ce contexte, il est difficile de parler d’équité dans l’éducation mais il est cependant nécessaire d’accepter au fur et à mesure que l’enfant grandit de donner pouvoir au sujet. Dans les textes il est reconnu la capacité aux mineurs de pouvoir passer des contrats d’achat tant qu’il ne dépasse pas une certaine somme et plus exactement d’effectuer des achats courants. Ce pouvoir est croissant au fur et à mesure que l’enfant grandit. De même, nous pouvons parler de majorité sexuelle avant d’atteindre la majorité légale, cette dernière permettant d’atteindre l’ensemble des droits d’un citoyen à part entière. Il reste donc à définir où est la limite entre le pouvoir que l’on exerce sur autrui et où le pouvoir du sujet mineur commence.

Dans la fonction éducative, le projet d’accompagnement du jeune se dirige essentiellement vers une dimension d’autonomie que je définirais notamment comme l’accomplissement de la construction du sujet citoyen, capable de se penser, de se mouvoir, d’effectuer des actes de manière libre dans un contexte sociétaire.

Je pars donc d’un principe simple : l’éducateur n’existe pour un sujet que pour pouvoir disparaître. La pratique éducative prend sens alors et organise son action dans cette unique direction. Comment ce jeune que j’ai en face de moi qui transgresse continuellement, qui s’énerve, qui est peu capable d’être en relation singulière et/ou respectueuse avec autrui, qui ne peut penser par lui-même va-t-il pouvoir vivre et tenir sa fonction comme citoyen à part entière ?

 

La violence

Quelle est-t-elle ?

Elle peut être issue de plusieurs niveaux et avoir plusieurs fonctions.

Elle peut être active, non contrôlée, issue d’un manque de structuration et de désir de pouvoir : intégration de la loi non acquise, toute-puissance, incapacité à gérer la frustration (incapacité à inhiber les pulsions, à différer les désirs…).

Elle est souvent réactive parfois même vitale. Dans des situations particulières où le sujet semble ne plus avoir aucune maîtrise de la situation, agir donne le sentiment d’avoir un certain contrôle.

Elle peut exprimer la colère, là où le sujet veut que la situation change. Ceci est une réaction totalement saine qui peut précéder un travail de deuil notamment. Pour beaucoup de jeunes dont on a la charge, elle est la réaction de situations non ou mal gérées (actuelles et/ou répétées). Un travail d’élaboration des situations est alors préconisé.

Elle est en œuvre tout particulièrement pendant l’adolescence là où l’adulte en devenir doit se « dépatouiller » avec son histoire ainsi que le pouvoir qu’il a et celui qu’il veut.

 

La violence peut être structurée et structurante à travers des réponses éducatives (qui ne sont en aucun cas des passages à l’acte désorganisés) permettant l’intégration des règles et des lois. Généralement, elle ne se suffit pas à elle-même et sous-tend un travail cognitif et/ou psychologique tendant à accompagner le sujet à se penser.

 

De même, les organisations et les institutions peuvent également être chargées de violences soit par les personnes qui la composent soit par la structuration elle-même de l’institution. Les lieux de paroles, la reconnaissance des jeunes dans leurs désirs et leur entité donne des garanties contre les violences des institutions. La loi du 2 Janvier 2002 prend sens dans ce contexte (mise en place des CVS, projet d’accompagnement, contrat de séjour,…). Elle interroge également sur les liens entre les institutions remplies de savoir, de pouvoirs et les (re)connaissances des familles.

Au niveau éducatif, la loi interroge directement les pratiques en mettant en exergue l’importance de la négociation ; devenir acteur social, citoyen : accepter de perdre un peu pour gagner. De même une autre réponse apportée à la violence est de pouvoir s’en protéger par la connaissance et l’élaboration : actions de préventions et de formations.

 

                                                                             JF Costang