Le
Chef de Service Educatif
Fonction, Position
& Evolution
Comment se situer en
tant que Chef de Service Educatif ? Quelles tâches lui
incombent ? Qu'y a-t-il de commun à tous les Chefs de
Service Educatif ?
Ces questions,
surtout lorsqu'on vient de prendre un poste, chacun d'entre
nous se les pose. Elles ont animé nombre de nos réflexions et,
régulièrement nous y revenons. Lorsque nous échangeons, nous
percevons bien que nous partageons tous quelque chose de
commun mais, quand nous essayons d'en préciser le contenu nous
nous heurtons à nos différences, à la singularité de notre
fonction dans notre institution
particulière.
Tout au long de cette
année 2003, nous avons décidé de réétudier les questions de la
fonction et de la position de Chef de Service Educatif avec
l'ambition d'aboutir à quelque chose sans toutefois avoir la
naïveté ou la candeur d'espérer y répondre
formellement.
Nous avons mené cette
réflexion dans les différentes commissions départementales et
à l'assemblée générale de juin 2003, Joël Cadière dans son
intervention, nous a apporté des éléments de réponse
significatifs à ces questionnements. Il nous a aussi dévoilé
les contours de la future formation de cadre de proximité
reconnue par le ministère et en accord avec les normes
européennes.
A quelques uns, nous
avons rédigé cet écrit qui se veut être une synthèse du
travail de ces derniers mois en étant une base offrant
certains repères. Il reste inachevé et certainement bien
perfectible. Il ne demandera qu'à être complété et
amélioré.
A la
recherche d'une définition
Notre jeune univers
professionnel est en évolution constante et notre fonction n'y
échappe pas. De l'Educateur Chef issu de l'équipe des
éducateurs, nous sommes arrivés au Chef de Service Educatif
appartenant à l'équipe de direction. Les institutions évoluent
aussi vers davantage de professionnalisme, d'organisation. Le
modèle de l'entreprise progresse avec la notion de démarche
qualité, l'évaluation des résultats et la prise en compte de
l'économie.
La position du Chef
de Service Educatif est la caractéristique d'une fonction
intermédiaire, c'est-à-dire déchirée, en tension entre deux
pôles. Entre toutes les fonctions intermédiaires, on ne peut
constituer des frontières établies et fixes. Elles peuvent
être toujours négociables. Si l'on attend quelque chose en
terme de définition précise de la fonction de Chef de Service
Educatif, on se leurre parce que la définition précise on
pourra nous la donner, mais on ne pourra pour autant pas
solutionner le problème de la position de Chef de Service
Educatif.
La difficulté est de
trouver une position ajustée à la caractéristique de
l'institution dans laquelle on se trouve, or il n'y a pas deux
institutions qui ont les mêmes caractéristiques. On ne peut
pas et ce serait dangereux de penser qu'on va pouvoir définir
un cadre de service qui soit applicable partout. Entre une
institution où il y a trois personnes qui travaillent et une
institution où il y en a 150, ce n'est pas du tout la même
institution.
De fait, quelque soit
la définition d'un cadre de service, quelle que soit la
formation que l'on a, on va se heurter à notre arrivée dans
une institution, à un lieu culturel et organisationnel qui
sera extrêmement différent de là d'où on sort. Il y aura
obligatoirement des ajustements à faire. D'où la nécessité
d'outils et le profil de poste en est un. Dans une institution
donnée un profil de poste concernant un chef de service est un
bon profil de poste car donné par celui qui a autorité pour
définir le poste, c'est à dire le directeur. Le directeur se
trouve lui aussi dans une situation intermédiaire entre une
association et l'ensemble de ses cadres. Il y a des espaces
souples et de fait il y aura toujours négociation sur la
fonction.
Même si l'on n'a pas
à attendre de paradis formel du chef de service, cela ne veut
pas dire non plus que l'ensemble de sa fonction est à négocier
dans l'établissement où l'on travaille. Car même s'il n'est
pas possible d'établir une définition plus ou moins exacte de
la fonction, à la question, quel
est le tronc commun en terme de compétences du chef de
service, Joël Cadière propose une formalisation en 6 champs
d'activités.
Les six
champs d'activité
-
1° champ d'activité : le pilotage
de l'action
Le pilotage de
l'action n'est pas celle de l'institution mais l'action d'une
unité fonctionnelle, c'est-à-dire celle du ou des services
éducatifs pour le ou les Chefs de Service Educatif concernés.
Dans une petite institution, l'unité fonctionnelle peut
pratiquement se confondre avec l'institution. Le plus souvent,
l'action de l'unité fonctionnelle reste essentiellement la
conduite du projet éducatif de l'institution.
Dans les plus grandes
où il y a plusieurs services (médico-psy, scolaire,.), il
s'agit de celle du service éducatif. Dans certains
établissements, il peut y avoir aussi différents services
éducatifs dont le Chef de Service Educatif est responsable
(hébergement, SAVS, accueil de jour). Dans ce cadre là, il
pilote chaque action de ces différentes unités fonctionnelles
qu'il a en charge.
Il est le garant des
projets de groupe et des projets personnalisés. Ces projets
s'inscrivent bien évidemment dans le projet de l'établissement
mais ils sont spécifiques à chaque unité fonctionnelle. La
mission du Chef de Service est de permettre l'évaluation de
chaque action. Sa compétence se situe donc sur un plan
technique et sur celui de l' éducatif.
Le pilotage de
l'institution dans sa globalité comme ses rapports avec les
tutelles, la gestion générale et la gestion des enjeux
« politiques » restent le plus souvent le domaine du
directeur.
-
2° champ : l'encadrement des
équipes
éducatives
C'est le domaine avec
la communication interne (4° champ) qui est certainement l'un
des plus essentiels dans la mesure où il est déterminant pour
que le Chef de Service puisse conduire ses missions. C'est
dans la crédibilité de son positionnement de cadre,
d'autorité, de garant face à et avec
l'équipe qu'il établit sa fonction. Il a en outre à
montrer sa compétence par rapport à une équipe de travail. Le
Chef de Service est dans un fonction d'organisation du travail
sur un public (non pas les usagers mais le personnel qui une
fonction éducative auprès des usagers). Donc le public direct
du Chef de Service est le
personnel.
Il encadre des
équipes mais également des professionnels par l'intermédiaire
de la gestion des ressources humaines. Sa responsabilité est
l'animation et la conduite des équipes, c'est-à-dire faire
travailler ensemble des professionnels ayant des formations et
des compétences différentes dans un but
commun.
Il doit avoir le
souci de développer les compétences individuelles et
collectives du personnel et des professionnels. Il peut par
exemple proposer des actions prioritaires ou des formations
individuelles dans le cadre de la formation permanente. Les
pratiques éducatives sont en évolution permanente et le Chef
de Service doit être vigilant à ce que les membres de son
équipe s'y adaptent. De nouvelles techniques (pour notre
profession) de management se développent comme les entretiens
individuels d'évaluation avec les membres de
l'équipe.
Son objectif est
aussi de mettre en synergie les professionnels qui composent
les équipes pluridisciplinaires afin de mettre les compétences
de chacun en cohérence avec la mission du
service (définition des fonctions des différents
professionnels et fiche de
poste).
Il s'agit bien d'un
cadre hiérarchique et il fait partie de l'équipe de direction.
A ce titre, il a une compétence technique qui est force de
proposition sur les besoins en personnel qualifié lors du
recrutement des professionnels. Dans la mesure où il est
responsable d'une unité fonctionnelle, il est à même de
connaître les besoins de cette
unité.
-
3° champ : la gestion
administrative et
budgétaire
Il ne s'agit pas de
la gestion administrative et budgétaire de l'établissement,
mais celle de l'unité fonctionnelle. S'il y a une action, une
mission, il faut qu'il y ait un budget propre pour sa mise en
ouvre et sa réalisation. Le Chef de Service doit transmettre
aux équipes les moyens nécessaires à l'accomplissement de ses
actions.
Il a un rôle de
contrôle et d'évaluation des moyens financiers mis en ouvre
pour la réalisation des projets et des actions. Par exemple,
en matière d'activités éducatives, le Chef de Service a une
certaine compétence dans la gestion de l'enveloppe réservée à
cet effet. De la même manière, il a la compétence de la
gestion administrative de chaque unité fonctionnelle dans les
modalités définies du fonctionnement de cette petite
unité.
Dans ce champ, aussi,
se retrouvent les tâches d'organisation telles que la gestion
des horaires. Dans certaines institutions, on demande au Chef
de Service non seulement une gestion financière mais aussi
d'établir des prévisions comme évaluer le budget éducatif au
sein du budget
prévisionnel.
-
4° champ : l'information et la
communication
Le positionnement du
Chef de Service Educatif est dans une fonction de cadre
intermédiaire et il se situe donc au centre de la circulation
de l'information. Il est le passage obligé de la
communication, montante ou descendante. Il doit avoir une
activité et une compétence en terme de communication interne.
Il doit être capable
de transmettre des informations, de les analyser, voire de les
produire. Il traite ces informations, les analyse et assure
leur diffusion. Il doit y avoir un sens qui doit appartenir à
une logique dans le choix des informations que l'on transmet
au directeur et dans celles que l'on donne aux éducateurs. Le
Chef de Service se retrouve entre ceux qui représentent
l'institution dans sa totalité et les opérateurs internes à
l'institution et donc là, il est dans le rôle de
l'encadrement.
C'est à partir des
informations que l'on recueille puis de leur analyse que l'on
détermine une action ou une stratégie. Il est donc important
de saisir les « bonnes » informations, et ensuite de
les hiérarchiser sans se laisser envahir par des informations
parasites.
Les événements vécus
comme importants par les éducateurs n'ont pas forcément à être
pris comme tels et à l'opposé d'autres qui peuvent être passés
inaperçus ont besoins d'être révélés car ils sont
significatifs. Pour cela, le Chef de Service est à la bonne
distance du terrain, ni trop près, ni trop
éloigné.
-
5° champ : le projet
d'établissement
Le Chef de Service
participe au projet de la structure, contribue à sa
construction. Il doit adhérer à la philosophie de
l'association gestionnaire de l'établissement, de sa mission
précisée dans l'habilitation et des objectifs définis. Il est
la cheville ouvrière du projet de
l'établissement.
Ce projet doit vivre
en fonction des besoins des usagers et des équipes. Il est
l'interlocuteur privilégié dans l'analyse et la transmission
des besoins. Il est donc à même de contribuer à
l'élaboration du projet d'établissement et en position
de faire des propositions d'orientation auprès de la
direction.
Etre cadre, c'est
aussi savoir anticiper. Pour faire les propositions
efficientes à l'élaboration du projet et participer à inscrire
l'établissement sur les voies de l'avenir, il faut posséder
une vision politique du domaine où l'on évolue. Il faut
anticiper sur les options politiques de la société, sur
l'évolution du secteur et sur l'évolution des
besoins.
Il existe un lien
entre l'acte éducatif et la raison de l'état. On finance une
mission en lien avec la politique sociale, on ne finance
jamais un établissement. Il faut donc connaître la mission de
notre service et le Chef de Service Educatif est un
représentant de ce
service.
-
6° champ : partenariat d'action
et travail en réseau
La question du
partenariat est dépendante de la délégation de pouvoir donnée
par le directeur de l'établissement. Celle-ci doit être bien
précisée, claire et sans ambiguïté. Il s'agit ici de l'une des
principales difficultés de la définition même du cadre de la
mission du Chef de Service puisqu'elle ne peut se définir
qu'en fonction du positionnement du directeur de
l'établissement.
Il est donc plus que
nécessaire que les membres de l'équipe de direction
définissent leur zone d'intervention suivant leur fonction
réciproque et de la délégation de pouvoir. Le
dysfonctionnement du couple Directeur/Chef de Service vient
essentiellement du décalage de niveau de partenariat et se
traduit par la question de
pouvoir.
La nécessité dans ce
champ d'intervention, est l'obligation du Chef de Service de
travailler en réseau, par exemple en matière d'orientation, ou
d'une prise en charge judiciaire. Le travail en réseau permet
de confronter son action, celle de son service, son
positionnement aux regards des partenaires et ainsi de les
ajuster, de les évaluer et de les
valider.
Épilogue
La compétence du Chef
de Service se structure dans une fonction d'encadrement autour
de la question du projet, du projet de service, du projet de
l'unité fonctionnelle. Fondamentalement c'est dans la
structuration du projet (c'est-à-dire les 6 champs déjà
définis) qu'il y a quelque chose de fédérateur en terme de
qualification. Etre Chef de Service, c'est être l'expert du
projet de l'unité
fonctionnelle.
Il lui faut garder à
l'esprit l'essentiel, c'est-à-dire la mission du service dont
il a la responsabilité. Cela permet de hiérarchiser les
priorités et si les moyens mis en ouvre sont efficients,
suffisants et en rapport avec la mission, il assume pleinement
sa fonction.
Le Chef de Service a
deux types de fonction : il a d'une part, une fonction
d'organisation, d'animation de l'équipe et d'autre part, il a
une fonction technique, c'est-à-dire comme garant éducatif de
ce qui se passe dans une unité
fonctionnelle.
Les encadrants de
proximité sont des acteurs de la mise en ouvre de l'action
sociale et médico-sociale qui tend à promouvoir l'autonomie,
la protection des personnes et la cohésion sociale. Ils
participent à l'exercice de la citoyenneté, à prévenir les
exclusions et à en corriger les
effets.
Le Chef de Service
est un maillon essentiel de l'organisation par son
positionnement intermédiaire entre direction et équipes, entre
plusieurs équipes, entre équipes et partenaires. Il joue donc
un rôle clé au sein des établissements, des services et des
dispositifs d'intervention sociale pour la mise en ouvre des
réponses aux besoins des usagers. Il est à son niveau garant
du respect des droits des usagers et se doit de favoriser et
impulser une réflexion éthique au sein de son unité.
En responsabilité
d'une unité de travail, il a pour mission principale
l'encadrement d'une équipe et des actions directement engagées
auprès des usagers. Il pilote l'action dans le cadre du projet
de service dans le respect du projet de l'organisation. Sa
position d'interface lui confine une fonction spécifique de
communication
interne |