Compte-rendu groupe
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Le groupe était hétérogène quant aux
secteurs d'interventions. Cependant, nous pouvons noter une
dominante « adultes handicapés ».
En quoi l'application de la loi 2002
modifie-t-elle nos pratiques ?
Quels documents sont-ils déjà mis en
place ?
Au niveau des documents ( livret
d'accueil, contrat de séjour.) la mise en place de ceux-ci
n'est pas égale selon les institutions. Nous pouvons noter que
plus le développement de ces écrits est centralisé, orienté
par les associations ou direction générale, plus les documents
sont lents à s'instaurer et peut-être éloignés des pratiques
et des réalités institutionnelles. L'interrogation demeure sur
l'appropriation par les équipes de ces écrits.
Le débat s'est avant tout orienté vers
l'importance du sens de la loi 2002 reconnue comme une
amplification d'une dynamique déjà existante centrée sur la
personne, son désir, symbolisée par le projet individualisé
construit notamment avec des objectifs évaluables. Cette
dynamique est surtout ressentie de manière importante par le
secteur « adulte handicapé ». Les autres secteurs
paraissaient plus avancés par rapport à cette pratique et nous
notons donc un rapprochement des pratiques éducatives quelque
soit les secteurs d'intervention.
Cette pratique permet d'ouvrir des
possibles, nous sommes moins dans le tout institution. Une
orientation en CAT ou en foyer n'est pas forcément quelque
chose de figée, acquise pour la vie. Comme n'importe quel
salarié, un travailleur de CAT, n'aurait t-il pas le droit de
changer de travail ou même d'entreprise ? ne
pourrait-t-il pas accéder à un autre style d'hébergement si il
le souhaite ? Quelles sorties sont-elles
envisageables ? quelles dates butoirs ? Il devient
important de signifier qu'il peut y avoir une autre période de
la vie ailleurs.
Les réunions de synthèse sont
davantage orientées sur le projet qui évoque une dynamique
d'évolution de la personne. Les équipes n'étaient pas
préparées à travailler de cette façon. Chacun amenait des
éléments de vie avec le résident de manière plus ou moins
subjective. Cela redynamise les équipes qui visiblement y
trouvent de l'intérêt.
La loi a apporté une
professionnalisation de l'accompagnement en replaçant la
personne accueillie au centre du dispositif, en demandant
également une justification de ce qui est fait. Les équipes
éducatives doivent affinées leurs missions et doivent se
rapprocher aussi d'une fonction « d'expertise
éducative ».
Ce qui paraît particulièrement
intéressant dans cette loi, c'est la responsabilisation de la
personne accueillie. L'éducateur n'est plus une « machine
à penser à la place de ». Il recentre la personne sur son
devenir, sur son désir, accompagne la personne à diminuer les
écarts entre le désir et le possible, permet à la personne de
se fixer des objectifs et accompagne celle-ci dans la
construction de son avenir. La prise en charge devient encore
plus humaine, plus dynamique, moins mortifère. Nous prenons
plus en compte le désir de la personne et cela oblige parfois
à ne plus fonctionner « intra muros », a imaginer
des possibles là où il n'y en avait pas. Le fonctionnement
institutionnel doit permettre cela. Ainsi nous ne parlons plus
uniquement de projet individualisé mais aussi d'accompagnement
particulier et de parcours individualisé. Un jeune accueilli
dans une institution n'aura pas le même parcours qu'un autre,
avec une ouverture possible sur les collèges, lycées,
entreprises etc. Cela demande également un travail en
partenariat, en réseau où les limites d'interventions de
chacun sont clairement définis. La reconnaissance du travail
de l'autre est fondamental. La connaissance de son propre
travail également !
La place des familles, l'accès au
dossier posent des problèmes dans l'organisation du
fonctionnement des structures ( quand celles-ci sont également
gérés par des associations de familles). Cependant, la loi
redonne du cadre, de la place aux familles dans leurs
interventions et cela paraît satisfaire l'ensemble. Le fait de
définir le cadre de rencontres avec les familles permet
d'éviter certaines attitudes
d'intrusion.
Le terme d'évaluation des pratiques
fait peur aux équipes mais semble nécessaire. Nous sommes
amenés à interroger nos références éthiques, théoriques. La
notion de temps devient essentielle dans le projet de la
personne. Cela repositionne les actions dans un choix de vie.
Les personnes ne sont plus accueillies par défaut mais avec un
projet.
Au milieu de ce débat est apparue
également la question des centres de formation dans ce travail
en mutation. Leur responsabilité nous paraît importante dans
l'accompagnement des futurs professionnels. Plusieurs
questions sont à leur soumettre. Quels liens entre pratique et
théorie ? Comment monter un projet individualisé ?
Quels outils d'évaluations sont mis en
place ?
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